La maladie de Crohn est une maladie chronique inflammatoire peut atteindre n’importe quelle partie du tube digestif, de la bouche à l’anus, mais elle se localise le plus souvent à la fin de l’intestin grêle ou sur une partie du côlon.
La consommation de céréales, certains additifs alimentaires, la consommation excessive de sucre, et le tabagisme favorisent l’apparition de la maladie de Crohn.
Comprendre la maladie de Crohn
La maladie de Crohn prédomine dans les pays anglo-saxons, en Europe du nord, en Scandinave. En France, elle est plus courante dans la région Nord-Pas-de-Calais. Elle touche les deux sexes, et, en particulier, les jeunes gens entre quinze et trente-cinq ans.
La cause de la maladie est inconnue. Mais de nombreux facteurs possibles sont évoqués :
- facteurs génétiques, surtout lorsque l’on met en évidence des antécédents familiaux;
- facteurs infectieux ;
- facteurs immunologiques ;
- facteurs environnementaux.
Aucun de ces facteurs n’a fait la preuve de son importance, hormis le facteur génétique.
Reconnaître la maladie de Crohn
Les premiers signes de la maladie sont digestifs.
Les symptômes
- La diarrhée chronique : c’est souvent le premier signe de la maladie, longtemps unique et, de ce fait, fréquemment négligé. Elle est composée de selles abondantes, fécales, avec parfois du pus, des glaires, et, quelquefois, du sang.
- Les douleurs abdominales : elles font penser à des coliques abdominales, survenant lors de l’émission de selles, ou bien sont localisées à droite dans l’abdomen. Elles sont soit permanentes et lancinantes, soit intermittentes. Parfois, ces douleurs feront penser à une appendicite ou à une occlusion intestinale.
- Des signes généraux : on relève une fièvre persistante, une altération de l’état général avec asthénie (grande fatigue), anorexie (perte d’appétit).
- Les atteintes du périnée et de l’anus sont très fréquentes. Elles permettent de découvrir la maladie dans 25% des cas et peuvent précéder de plusieurs mois ou années les autres signes. Ce sont des atteintes cutanées, chroniques et banales : fistules peu douloureuses, persistantes, ulcérations ou fissures parfois importantes, aspect condylomateux (bourgeonnant) ou abcès autour de l’anus.
- Des atteintes articulaires : il peut y avoir une « sacro-iléite » (inflammation de l’articulation sacro-iliaque) qui, associée à des signes intestinaux, est évocatrice de la maladie de Crohn ou une arthrite de l’articulation d’un membre, genou, cheville ou poignet.
- Des atteintes cutanéo-muqueuses : érythème noueux, des aphtes des régions buccale ou génitale.
- Des atteintes oculaires : uvéite, iritis, kératite, conjonctivite
Les examens
- La radiographie de l’intestin grêle et le lavement baryté précisent l’importance des lésions. Lorsque ces lésions siègent sur la dernière partie de l’iléon, elles sont fortement évocatrices d’une maladie de Crohn.
- La coloscopie est l’examen fondamental.
- Les biopsies permettent la mise en évidence de lésions microscopiques caractéristiques.
L’évolution de la maladie de Crohn
La maladie de Crohn ne guérit jamais, mais elle est compatible avec une vie normale. Seuls 5 à 10% des sujets atteints présentent une forme invalidante.
Imprévisible, elle évolue par poussées successives entrecoupées de périodes de rémission. Après deux ou trois ans, on estime que l’évolution est relativement favorable dans les formes réagissant bien au traitement et ayant des périodes de rémission. Elle est défavorable dans les formes à rechute rapide après traitement médical ou chirurgical.
- En période de rémission la surveillance doit être la plus simple possible: numération-formule, vitesse de sédimentation. Tous les six mois ou une fois par an, on pratique une coloscopie pour surveiller l’évolution.
- Au cours des poussées, il peut y avoir extension des lésions ou apparition de complications : occlusion intestinale aiguë, abcès avec risque de perforation, fistule. Plus rarement, la maladie de Crohn est à l’origine d’une colectasie (dilatation du côlon) ou d’une hémorragie.
Traiter la maladie de Crohn
La plupart des traitements sont efficaces pour réduire les poussées, mais ils ne modifient pas la tendance spontanée de l’évolution.
- Le traitement médical commence par le respect de règles d’hygiène.
- régime hypercalorique, riche en vitamines et en fer, en raison de la dénutrition fréquente liée à la peur de l’alimentation et des douleurs qu’elle provoque, en raison également d’une malabsorption ;
- correction de la déshydratation et de l’hypokaliémie par perfusions (à l’hôpital), dans les formes sévères ; il faut parfois réaliser des transfusions de sang si le taux d’hémoglobine dans le sang est inférieur à 8 grammes par litre ;
- antidiarrhéiques si la diarrhée est importante ;
- antispasmodiques, antalgiques (Spasfon, Dicetel), en cas de douleurs ;
- traitement anti-inflammatoire : Salazopyrine, 6 à 10 comprimés par jour, avec risques d’effets secondaires (poussées modérées), Dipentum, Pentasa en comprimés et en lavements dans les poussées modérées ;
- corticoïdes : ils sont efficaces dans toutes les localisations ; Cortancyl, Solupred pendant 3 à 7 semaines. On obtient une rémission des signes cliniques dans 90% des cas ; dans les poussées sévères, on utilise des corticoïdes injectables ;
- immunosuppresseurs, comme Imurel, Purinethol ; ils sont réservés aux formes chroniques, résistantes au traitement par les corticoïdes ; ils ont un long délai d’action : un à douze mois avec risque de toxicité sanguine, pancréatique, hépatique ;
- le Flagyl est parfois utilisé dans les formes anales.
- Le traitement chirurgical est proposé en cas de complications et de formes résistantes au traitement médical. Cependant, la majorité des patients finissent par être opérés (c’est le cas de 90% d’entre eux après 15 ans d’évolution).
Plusieurs interventions sont possibles en fonction de la localisation de l’atteinte inflammatoire : dans les formes localisées, le chirurgien enlève la partie sténosée et rétablit la continuité (anastomose). Dans les formes plus étendues, il enlève toute la partie malade, puis rétablit la continuité au niveau du côlon. Dans les formes étendues, l’opération peut consister à enlever tout le côlon. Il est quelquefois nécessaire d’opérer en urgence, lorsque le malade souffre d’un abcès ou d’une occlusion intestinale aiguë.
ATTENTION DANGER
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens comme le Profenid sont à éviter, car ils peuvent aggraver les lésions.
BON À SAVOIR
Retenez que la maladie de Crohn est une maladie chronique évolutive, mais que dans la plupart des cas les malades peuvent poursuivre une vie parfaitement normale, avec des activités sportives et de loisir en dehors des poussées aiguës.