Les bruits…parfois ils agacent un peu, d’autres fois ils dérangent beaucoup, mais toujours ils affectent votre quotidien.
Si vous devez élever la voix pour parler à une personne située à environ un mètre, alors il y a trop de bruit. Faites le test : vous verrez que cela se produit plus fréquemment qu’on ne le croit.
Heureusement, il existe plusieurs moyens de diminuer l’ensemble des bruits présents à la maison.
Les types de bruits
Il faut d’abord comprendre la nature et le comportement du son, si on veut savoir comment le contrer. Les bruits sont de deux natures :
- Les bruits « solidiens » : ils se propagent à travers les structures, qui en vibrant font vibrer l’air de la pièce. Une partie du bruit est absorbée par la structure, mais le reste suit tous les liens rigides. Ex. : un tuyau au sous-sol qui vibre contre une solive, elle-même en contact avec les montants d’un mur portant du rez-de-chaussée, situé sous le plancher d’une chambre du 1er étage… et c’est comme si le tuyau cognait directement dans la chambre. Dans cette catégorie, on retrouve les pas, les claquements de portes, la vibration des vieux tuyaux de robinetterie, les chutes d’objets et le frottement des chaises sur le plancher.
- Les bruits « aériens » : ils se propagent dans l’air avant de faire vibrer les murs et fenêtres, qui à leur tour font vibrer l’air de la pièce. Le bruit original entre en « collision » avec une surface (ex. : mur, fenêtre), et une partie du bruit est alors réfléchie vers la source, une autre partie est absorbée par les matériaux, et le reste est transmis à l’air de la pièce, de l’autre côté de la surface. La musique, les voix, les aboiements, et les bruits générés par les moyens de transport font partie des bruits aériens.
Ces deux types de bruits nécessiteront évidemment des palliatifs différents.
Pour les sons « solidiens », l’idée est d’abord de les absorber le plus possible, puis d’empêcher les sons restants de se propager, en installant des « amortisseurs » entre les structures et les surfaces finies. Quant aux sons voyageant dans l’air, puisque ceux-ci se transmettent majoritairement par les vitres des fenêtres et par les cloisons minces, et qu’ils passent aussi par toutes les ouvertures (là où l’air passe, le son passe aussi) on devra donc supprimer les entrées d’air, et choisir des matériaux qui réfléchissent et absorbent les sons.
Bien entendu, vous vous en doutez, insonoriser consiste non seulement à empêcher les sons d’entrer dans une pièce, mais aussi à les empêcher d’en sortir. Vous serez ravi d’apprendre que dans l’un et l’autre cas, les techniques d’insonorisation par l’intérieur sont les mêmes.
Insonoriser une pièce
L’insonorisation la plus complète, qui empêche les sons d’entrer et de sortir (ce que l’on appelle « isolation acoustique »), exige des travaux d’une certaine envergure : retirer les revêtements des murs, du plafond et du plancher, et remplacer les portes ainsi que les vieilles fenêtres.
Les fenêtres
Les fenêtres sont le point faible de toute maison, au niveau de la transmission des bruits. En fait, en ce qui concerne les bruits provenant de l’extérieur, le problème provient rarement du mur, mais toujours des fenêtres.
La qualité des fenêtres aura donc un impact direct sur la pénétration des bruits extérieurs. Portez particulièrement attention à la densité et à l’épaisseur du vitrage (plus c’est lourd, mieux c’est), et ce, peu importe qu’il s’agisse d’un vitrage double ou non. Demandez des informations sur la solidité du cadre et les matériaux utilisés (plus c’est lourd…). Les fenêtres d’aujourd’hui sont toujours munies d’un coupe-froid souple, qui en plus de couper le froid, empêche le contact direct de la fenêtre sur le cadre.
Vous vivez près d’une autoroute, ou vous êtes le batteur du prochain méga-groupe de rock ? Alors, vous voudrez peut-être investir dans des fenêtres qui offrent le maximum d’insonorisation. La solution est plus dispendieuse que les fenêtres standard, mais est aussi plus efficace : la fenêtre thermos sur mesure.
Ces fenêtres se composent comme suit : une vitre, un film plastique, une autre vitre (donc, le film plastique est en « sandwich » entre deux vitres), un espace d’air d’environ 1,3 cm (0,5 po) et enfin une vitre simple ou, si votre budget le permet, un autre assemblage de verre thermos (vitre-film-vitre). Ce verre thermos ressemble beaucoup au verre utilisé pour les pare-brise d’automobiles.
Les murs et plafonds
Du côté des murs et plafonds, pour obtenir un bon degré d’isolation acoustique, il est suggéré d’installer une laine insonorisante entre les montants du mur (et les solives du plafond) puis de tirer un joint de scellant acoustique sur le devant de chaque montant.
On fixe des panneaux insonorisants sur les montants (le scellant appliqué précédemment empêchera la vibration des panneaux sur ceux-ci) puis on tire un joint de scellant acoustique sur le pourtour des panneaux. On installe ensuite des fourrures résilientes, c’est-à-dire des supports métalliques qui limitent le contact direct des montants avec le gypse.
Puisque le poids du matériau entre aussi en jeu, ils est préférable de mettre deux épaisseurs de gypse, en prenant soin, cependant, de ne pas faire coïncider les joints des deux épaisseurs, et en tirant les joints de plâtre sur chaque couche de gypse. On complète en tirant un dernier joint de scellant acoustique entre le mur et le plancher (ce joint sera plus tard caché par la plinthe) et on obtient alors un mur qui réfléchit les sons produits dans la pièce, qui absorbe les bruits aériens et qui limite la transmission des vibrations des bruits « solidiens ».
Le plafond suspendu en tuile acoustique, quant à lui, n’exigera pas l’altération du plafond actuel, mais ne sera pas aussi efficace que le principe décrit ci-haut. Ceci dit, additionner les effets du plafond suspendu à ceux de l’isolation du plafond donnera les meilleurs résultats. Notez cependant qu’il faut éviter de peindre les tuiles : leurs propriétés absorbantes proviennent de leur porosité, et la peinture, en rendant la surface étanche, réduira ces propriétés. Si vous devez absolument les peindre, alors appliquez une fine couche au rouleau.
Le plancher
Au niveau du plancher, si vous enlevez le revêtement actuel, profitez-en pour visser solidement les contreplaqués qui grincent.
Prévoyez ensuite de mettre une membrane insonorisante avant l’installation du revêtement. Il existe des membranes en particules de caoutchouc, en liège et matériel synthétique. Le liège, qui fut longtemps utilisé, est cependant dépassé par les performances des nouveaux produits.
Vous devez installer un panneau de bois aggloméré par-dessus la membrane en particules de caoutchouc, en particulier si vous installez du tapis ou de la céramique.
Notez que ces différentes membranes ne diminuent pas (ou très peu) les bruits aériens : elles sont destinées à réduire les bruits d’impact ou à en éviter la propagation. Le panneau d’aggloméré, cependant, étant lourd, massif et rigide, contribue à réfléchir les bruits aériens.
Si vous désirez diminuer de façon efficace les bruits aériens, tout en obtenant plus d’insonorisation aux bruits solidiens (ex. : si vous pratiquez d’un instrument de musique qui transmet sa résonance aux structures, comme la batterie, le violoncelle ou le piano), construisez un sol flottant (ne pas confondre avec « plancher flottant »).
Pour ce faire, recouvrez le plancher actuel d’une membrane absorbante, puis collez des supports résilients (ex : blocs de caoutchouc) à intervalles réguliers sur des panneaux de bois aggloméré, et intercalez de la laine insonorisante entre les supports. Déposez ensuite ce montage sur le plancher actuel : les deux « planchers » seront donc séparés par une membrane, un amortisseur et un absorbant. Installez une nouvelle membrane insonorisante sur le deuxième plancher, puis installez le revêtement (ou un autre panneau d’aggloméré puis le revêtement).
Réalisez le tout en vous assurant qu’aucun matériau solide n’entre en contact direct avec les murs; vous tirerez plutôt un joint de scellant acoustique entre ceux-ci et le plancher. La plinthe ne devra pas toucher au plancher non plus.
On peut remplacer les blocs de caoutchouc et la laine par une dalle de béton de 4 cm (1 ½ po); le béton agit différemment mais est tout aussi efficace.
La construction d’un « plancher au-dessus du plancher » haussera cependant le sol de 5 à 10 cm (2 à 4 pouces), et vous devrez couper le bas des portes en conséquence.
Bien qu’il soit dépassé comme membrane insonorisante, le liège est de plus en plus utilisé comme couvre-plancher (non, ce n’est pas le liège des babillards : il s’apparente plutôt au bois). Un tel revêtement, naturellement insonorisant, posé sur une membrane insonorisante, ou sur un sol flottant, ne fera qu’accroître l’isolation acoustique.
Prenez note : dès que vous clouez un revêtement au plancher, vous contrez les travaux d’insonorisation que vous avez réalisés, car le son se propagera par les clous. Optez pour les revêtements collés ou le plancher flottant.
Les portes
Les portes, à l’instar des fenêtres, constituent un point faible. Elles sont souvent creuses, et laissent passer beaucoup de bruit. Si vous désirez vraiment une porte efficace, au niveau sonore, choisissez une porte pleine. Mais attention : une telle porte sera inutile si vous n’effectuez pas les travaux d’isolation acoustique des murs décrits précédemment.
Afin d’amortir le choc lors de la fermeture de la porte, et surtout pour empêcher les sons de se faufiler, fixez un coupe-froid tout le long de la moulure sur laquelle la porte s’appuie lorsqu’elle est fermée.
Bouchez ensuite l’ouverture entre le sol et la porte (sinon, le coupe-froid ne servira à rien). Pour ce faire, entassez un tapis ou une couverture au pied de la porte afin de boucher temporairement l’ouverture entre celle-ci et le sol. Pour une solution permanente, installez un seuil tombant : il s’agit d’un mécanisme qui fait automatiquement « tomber » un seuil au pied de la porte lorsqu’on la ferme, obstruant ainsi l’espace. C’est sans danger pour le fini du plancher. Encore mieux : installez un vrai seuil au sol, pour que tous les côtés de la porte soient appuyés sur un coupe-froid lorsqu’elle est fermée.
Résultat : pas d’espace par où le son peut passer, une surface rigide, lourde et épaisse qui réfléchit les sons, et des coupe-froid qui empêchent le contact direct de la porte avec le cadre.
Oh, une dernière chose : appliquez un scellant entre la moulure (celle sur laquelle la porte s’appuie lorsqu’elle est fermée) et le cadre de la porte (sur lequel est fixé cette moulure), car sinon, le son risque s’infiltrer.
La salle de bains
Plusieurs croient qu’il est inutile de fermer le mur à l’arrière de la douche. C’est une erreur : c’est une porte de sortie pour le bruit!
Avant l’installation de la douche, placez de la laine insonorisante entre les montants, comme pour les murs standards. Fermez ensuite le mur avec une ou deux épaisseurs de gypse hydrofuge. Attention : vérifiez que la douche que vous prévoyez acheter peut être installée contre un mur fini.
L’appareil que vous choisirez aura aussi un impact : certaines douches sont équipées d’une base insonorisée, ce qui diminue le bruit des gouttes d’eau qui tombent. Au niveau des baignoires, celles en acrylique seront moins bruyantes (limitent les bruits « d’eau » lors du bain) que celles en acier, mais la championne de l’insonorisation est sans contredit la baignoire de fonte.
Insonoriser contre les sons extérieurs
Lors de la construction ou de la rénovation extérieure de votre maison, sachez que plus les matériaux de revêtement sont lourds, plus ils sont insonorisants. Donc, une résidence en brique sera mieux protégée des « assauts sonores » qu’une maison en clin de vinyle, et une maison recouverte de pierres pleines sera plus insonorisée qu’une maison en briques creuses… sauf si les pierres font toute l’épaisseur du mur, comme dans les maisons anciennes.
Les arbres matures et autres végétations absorbent aussi leur part de bruits (très peu, mais c’est déjà cela!) en plus de fournir un écran d’intimité.
Enfin, pour les résidences situées à proximité d’autoroutes ou d’autres lieux bruyants, des murs spécialement conçus peuvent être installés; informez-vous auprès de votre municipalité. Sachez cependant que de tels murs doivent avoir une hauteur minimum de 3,6 m (12 pi) pour être efficaces.
Les petits trucs
Si les gros travaux ne vous attirent pas, alors peut-être que les trucs suivants contribueront à réduire le niveau de bruit dans votre demeure. Mais notez, cependant, que ce ne sont pas des trucs d’insonorisation : ils n’éliminent pas la transmission des sons, ils ne font qu’en réduire l’intensité, surtout dans les hautes fréquences (ces solutions présentent très peu d’effet dans les basses fréquences). Il s’agit alors d’absorption acoustique. Si ces mesures sont insuffisantes, des solutions d’isolation acoustique, telles qu’expliquées précédemment, devront être envisagées.
Les tissus ont la propriété d’absorber les sons, en plus d’éviter leur réflexion. C’est pourquoi, souvent, les chambres à coucher sont généralement acoustiquement « sourdes », de par les longs rideaux en tissus épais, le lit, peut-être même le tapis… Inspirez-vous de ce principe pour les autres pièces de votre résidence :
- Installez de longs rideaux faits dans un matériel épais, comme le velours ou certains types de toile ou de coton (évitez les tissus légers et délicats). Vous pouvez même pousser l’idée plus loin et user d’originalité, en recouvrant tous les murs de rideaux, et en suspendant des tissus au plafond. Vous ferez ainsi disparaître l’écho, donnant alors l’impression d’une pièce moins bruyante, en plus d’absorber quelques décibels.Un autre bon truc : si vous apercevez un hôtel en rénovation, informez-vous si les rideaux seront changés, et si oui, ce qu’ils feront des vieux rideaux, car les hôtels utilisent habituellement des rideaux acoustiques. Ils seront peut-être défraîchis, mais vous pouvez très bien les camoufler derrière vos « vrais » rideaux.
- Étudiez vos meubles, et voyez s’il est possible de les rendre moins « réfléchissants ». Une nappe sur la table et des coussins sur les chaises contribueront par exemple à amortir les sons.
- Un beau tapis décoratif, épais, déposé sur le plancher de bois, sera du plus bel effet et rehaussera votre décor tout en contribuant à empêcher la réverbération (écho).
- En fait, il est suggéré d’avoir au moins 25 % de tissus (canapés, rideaux, tapis) dans une pièce pour en diminuer l’écho de façon significative.
On peut aussi tenter de réduire le bruit à la source :
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- baisser un peu le son de la télé
- porter des écouteurs
- mettre des coussinets sous les pattes de chaises
- placer un bout de tapis sous les haut-parleurs (ou sous la chaîne stéréo portative), ou encore les installer sur des supports ou dans un meuble approprié et éloigner ceux-ci des murs mitoyens
- éloigner les autres appareils bruyants des murs mitoyens
- privilégier les jouets qui ont un contrôl
e du son - enlever les chaussures (surtout les talons hauts!) et chausser des pantoufles
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- s’assurer que la base des supports (pattes) des gros électroménagers, comme la laveuse, est en un matériel amortissant, tel le caoutchouc, et en bon état, sinon glisser un bout de tapis ou un support spécialement conçu sous les pattes. L’ajout d’un tapis caoutchouté, en plus des supports amortissants, diminuera beaucoup les vibrations.
Votre ado a élu domicile dans le sous-sol, et vous voulez lui créer une « chambre forte » où il pourra écouter sa musique sans déranger la maisonnée? Un plafond suspendu en tuile acoustique, additionné à l’insonorisation du plafond, des murs et du plancher du sous-sol ainsi qu’à l’insonorisation du plancher de la pièce au-dessus du sous-sol constitueront la solution ultime. Peut-être pas à la portée de tous…mais drôlement efficace.
Allez-y selon votre budget et vos possibilités : si des bruits vous incommodent, il y a toujours quelque chose à faire, qu’il s’agisse de les diminuer, de les absorber ou d’en réduire la propagation. Consultez aussi votre expert (département de construction, couvre-planchers, plomberie, etc.) : il est toujours au courant des nouveaux produits insonorisants lancés sur le marché.