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Le carrelage

Coup de cœur pour les beaux carreaux

Parmi tous les revêtements de sol, le carrelage est le plus ancien et le plus résistant dans le temps. Le terme « céramique » regroupe dans un ordre de dureté progressif, faïence, terre cuite et grès.
D’un emploi universel, dans une multiplicité de formats et d’aspects, mat, satiné, glacé, rugueux, uni ou décoré, le carrelage, véritable tapis minéral, offre des compositions décoratives infinies.
La terre cuite naturelle est le revêtement de sol le plus commun, le plus répandu et sans doute le plus chaleureux. Elle a été fabriquée dans toutes les régions de France dans de petites tuileries briqueteries locales, parmi lesquelles certaines ont acquis une grande notoriété (les carreaux de Champagne par exemple).

Très peu ont cependant survécu à l’industrialisation et la production du carrelage en série allemande, italienne et espagnole ; citons les terres cuites traditionnelles de Raujolles par exemple, celles des Rairies ou de la Bretèche….
Cette terre cuite primitive était composée d’argile naturelle pressée, découpée et cuite dans des fours à bois, selon la méthode artisanale ancienne. Le feu leur donnait toute une gamme de coloris vivants, jamais identiques, des teintes les plus claires comme le blanc couleur de craie, au jaune paille, parfois rosé, jusqu’aux riches graduations d’ocres, de rouges, de bruns, et même le noir charbon. La nature de la terre utilisée, le lieu de fabrication sur les affleurements d’argile, et les techniques de cuisson, faisaient la différence et tout comme pour le vin, on peut dire qu’il existait de véritables « crus » d’argile.

Né sous le signe du feu, le carrelage perpétue un certain cadre de vie.

Classique ou fantaisie, un carrelage ne cesse d’embellir avec le temps.
L’application d’une couche d’émail dont la dureté varie selon la couleur et la nature des pigments et la température de cuisson, assurait une résistance moyenne à l’abrasion. Avec une résistance supérieure, la terre cuite dite grésée est à mi-chemin entre terre cuite naturelle et grès. La cuisson à une température plus élevée la rend plus solide et ingélive.
Le grès cérame incrusté, composé de fines poudres d’argile à grès, vitrifiée dans la masse, pressé et cuit à haute température, a apporté au fur et à mesure des innovations techniques quelques avantages incontestables : la dureté, le calibrage parfait, des qualités d’imperméabilité et de résistance à l’abrasion et au gel. Ce grès a permis de beaux effets décoratifs polychromes très recherchés. C’est le cas pour la production exceptionnelle du pays de Bray, région argileuse près de Beauvais, au XIXe et début du XXe siècle.

Le Beauvaisis : un des plus grand centre de céramiques en France. Les carreaux mosaïques vernissés ont très tôt décoré les édifices civils et religieux majeurs du Moyen Âge. C’est vers la fin du XIe siècle que sont apparus des décors incrustés, fabriqués à l’aide de deux argiles (terre blanche et terre rouge) recouverts d’un vernis plombifère ; les motifs de ces petits pavés épais (70 x 70 x 22 mm) étaient inspirés du monde animalier, végétal ou simplement géométrique. On peut admirer quelques exemplaires trouvés au cours des fouilles, au Musée Départemental de l’Oise de Beauvais.

Cette tradition s’est poursuivie du XVIe au XVIIIe siècle, mais c’est surtout entre 1860 et 1910 que cette région de l’Oise, intercalée entre la Normandie et la Picardie, connue sous le nom de pays de Bray, a eu une période d’intense créativité avec des productions de carreaux d’un niveau artistique élevé dont le succès a été assuré aux expositions universelles de 1878 et de 1889. Plusieurs dynasties familiales ont fabriqué les plus remarquables. Celle des Boulenger à Auneuil, qui ont puisé leur inspiration d’une façon très éclectique dans les arts décoratifs des époques gothique et renaissance, (ils ont travaillé pour la restauration avec le célèbre architecte Viollet-le-Duc), par les Colozier à Saint-Just (une des plus grandes manufactures de céramiques en France) qui ont fait appel à des artistes créateurs et ont réussi de larges palettes de coloris, frais et décoratifs, souvent inspirés de l’art musulman. Celle des Greber à Beauvais, a dû sa célébrité à leurs étonnantes sculptures céramiques (faïence et terre cuite pour l’architecture). La céramique est une industrie de pointe à la fin du XIXe siècle : en 1882 est créée « L’Union Céramique de l’arrondissement de Beauvais », une société regroupant les fabricants de poteries, de carreaux, tuiles et briques, ayant pour objet de s’éclairer mutuellement pour parvenir au développement et à la prospérité de leur industrie.

Cette prospérité durera jusqu’à la première guerre mondiale : les pavés céramiques vitrifiés des usines Boulenger et Colozier ont couvert les cours, les écuries, les trottoirs, les halles, les usines, les écoles, les églises, les gares… les carreaux mosaïques de couleurs, à thèmes géométriques les couloirs, les cuisines et les salles de bains de toutes les maisons individuelles et des immeubles. La production partait par trains entiers vers toutes les destinations européennes.

Les villages potiers vivaient en prise directe avec les usines. Aujourd’hui les profondes couches d’argile du pays de Bray sont toujours exploitées, d’une façon industrielle, pour la fabrication des tuiles de couverture, mais les maisons décorées de grès cérame sont devenues du patrimoine architectural, comme les usines désaffectées ouvertes à tous vents, du « patrimoine industriel ». Espérons que le département mettra en œuvre son projet de sauvetage avant que couvertures et carreaux ne soient pillés et ne tombent dans le marché de la brocante du bâtiment. La maison des Boulenger à Auneuil, construite pour l’exposition de 1885 à Beauvais, mais jamais habitée, a été classée Monument Historique.
Les carreaux en ciment : une technique ancienne retrouvée. Ils sont apparus dans la vallée du Rhône vers 1850 et eurent rapidement un grand succès dans toute la Provence, puis en Afrique du Nord pour faire rapidement le tour du monde, chaque pays apportant ses traditions décoratives. C’est un matériau très séduisant composé de ciment, de sable siliceux et de poudre de marbre. Extrêmement robuste (il continue même à durcir en vieillissant car l’eau forme en surface une pellicule d’hydrate de chaux invisible). D’une seule teinte ou coloré dans la masse, à partir d’oxydes qui donnent des couleurs vives et fraîches, le carreau de ciment ne subit pas de cuisson mais sèche à l’air libre. Il est lourd (33 kg/m2 au sol) épais (16 à 20 mm) et ses dimensions (tomettes de 20 x 20 ou 15 x 15 cm) permettent toutes sortes de calepinages (organisation des carreaux sur une surface). C’est ainsi que l’on peut jouer avec des damiers, des losanges, des arabesques, des frises, etc… y compris en terrasses, car il est ingélif.
La faïence décorée : Il s’agit certes d’un produit céramique fragile composé d’un corps blanc appelé « biscuit » recouvert d’un émail vitrifié. Il est surtout utilisé en compositions murales, mais peut habiller ponctuellement le sol des salles de bains sous forme d’un décor composé qui évoque un tapis… celui-ci aura l’avantage de ne jamais s’user !

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