Le vapotage est souvent présenté comme une alternative plus saine au tabac. Pourtant, une étude en cours menée par des chercheurs de l’Université de Manchester remet en question cette idée reçue. Selon les premiers résultats, la cigarette électronique pourrait avoir des effets aussi nocifs que la cigarette traditionnelle sur la santé cardiovasculaire et cognitive. Décryptage.
Une étude qui bouleverse les idées reçues
Dirigée par le Dr Maxime Boidin, maître de conférences en réadaptation cardiaque, cette étude a débuté en octobre 2023. Elle suit trois groupes de participants : 20 vapoteurs, 20 fumeurs de cigarettes et un groupe témoin de 20 non-fumeurs. L’objectif est d’évaluer les effets du vapotage sur le système cardiovasculaire.
Les premiers résultats sont alarmants. « Les fumeurs sortent à l’extérieur pour fumer et doivent allumer une nouvelle cigarette pour continuer. Avec les vapes, vous continuez sans vous en rendre compte. Il est beaucoup plus difficile de savoir combien de bouffées vous avez pris », explique le Dr Boidin. Cette consommation inconsciente pourrait expliquer en partie les effets néfastes observés.
Des effets cardiovasculaires et cognitifs préoccupants
Les tests menés sur les participants révèlent des altérations significatives du système cardiovasculaire. Parmi les observations, les chercheurs notent :
- Des parois artérielles endommagées, incapables de se dilater correctement, un signe précurseur de problèmes cardiovasculaires graves.
- Un flux sanguin altéré, augmentant les risques de déclin cognitif et de démence.
« Au début, je croyais aussi que le vapotage était plus bénéfique que le tabagisme. Beaucoup seront horrifiés d’apprendre la vérité », déclare le Dr Boidin, qui plaide pour un encadrement plus strict de la cigarette électronique.
Des substances aux effets encore mal connus
L’étude met également en avant la composition chimique des e-cigarettes comme un facteur de risque potentiel. « Vous ne pouvez pas vous attendre à ce que rien ne se passe », prévient le Dr Boidin. En cause, des composants tels que le propylène glycol, la glycérine végétale et certains arômes chimiques susceptibles de provoquer des inflammations et du stress oxydatif.
Le Dr Olivier Galera, tabacologue, souligne l’importance de poursuivre les recherches : « Il est nécessaire de réaliser ce type d’études, car nous n’avons qu’une quinzaine d’années de recul sur la vapoteuse, et l’on se base sur l’état actuel des connaissances pour se prononcer sur son éventuelle nocivité ».
Conclusion : Un sevrage rapide est essentiel
Le Dr Galera met en garde contre l’utilisation prolongée de la cigarette électronique : « Le seul avantage du vapotage est d’aider à arrêter de fumer. Mais s’il est utilisé sur le long terme, le résultat sera le même ». Il insiste sur l’importance d’un sevrage rapide et d’une utilisation limitée aux patients cherchant à arrêter de fumer.
Les conclusions finales de l’étude de l’Université de Manchester sont attendues pour mars 2025. Elles pourraient marquer un tournant dans la perception du vapotage et de ses effets sur la santé.