Les tumeurs cérébrales rassemblent un grand nombre de lésions, bénignes ou malignes. Leur traitement et leur pronostic dépendent en grande partie de la nature de la tumeur, mais elles ont dans l’ensemble les mêmes symptômes dans la mesure où elles se développent dans le même lieu, c’est-à-dire une boîte rigide (la boîte crânienne), où l’apparition d’une grosseur quelconque va entraîner des céphalées et des signes d’hypertension intracrânienne.
Dans l’ensemble des tumeurs crâniennes, on distingue celles qui se développent aux dépens de l’os, des méninges (méningiomes), des glandes intracrâniennes (glande pinéale, hypophyse), des nerfs, des structures nerveuses ou encore du tissu de soutien (la névroglie, qui donne naissance à des tumeurs appelées gliomes). Il faut encore ajouter les tumeurs qui se développent à partir des vaisseaux (malformations artério-veineuses, angiomes), les abcès infectieux dus à des parasites et à des bactéries et enfin les métastases d’autres cancers de l’organisme, qui sont de loin les tumeurs les plus fréquentes de l’encéphale.
On estime qu’il y a chaque année environ 1 000 cas nouveaux de tumeurs primitives du cerveau, auxquelles il faut ajouter 10 000 à 15 000 décès annuels dus à des métastases cérébrales.
Comprendre la tumeur du cerveau
Le contenu de la boîte crânienne est constituée de l’encéphale proprement dit, des vaisseaux et du liquide céphalo-rachidien. Ce dernier représente un volume d’environ 150 centimètres cube et il est constamment renouvelé, en circulant entre les ventricules cérébraux et les structures méningées périphériques, avant d’être réabsorbé dans la circulation veineuse. Chaque jour, il se forme environ 600 centimètres cube de ce liquide céphalo-rachidien, dont le rôle est en partie celui de la lymphe dans l’organisme.
Dans ces conditions, il est facile de comprendre que l’apparition d’une grosseur dans cet ensemble de tissus nerveux et vasculaires n’aura pas de place pour se développer, car il n’y a aucun vide à combler. C’est pourquoi une tumeur, même petite, se manifestera rapidement par des signes d’hypertension intracrânienne ou par d’autres signes si par exemple elle forme un obstacle à la circulation du liquide céphalorachidien. Si elle grossit davantage, elle va provoquer une compression des structures nerveuses, provoquant des symptômes caractéristiques, comme par exemple une crise d’épilepsie. Ou encore elle va obliger le cerveau à sortir en partie, par les trous de la base du crâne. C’est ce qu’on appelle un « engagement », par exemple au niveau du trou occipital.
On distingue généralement les tumeurs extra cérébrales (celles qui vont se développer sur les méninges), les tumeurs intracérébrales et les tumeurs intraventriculaires.
Les tumeurs extra-cérébrales
les méningiomes : ce sont des tumeurs bénignes, qui refoulent le cerveau sans l’envahir, et dont l’évolution est lente. En raison de cette lenteur d’évolution, elles peuvent parfois grossir de façon importante avant de faire parler d’elles et peuvent se développer à partir de n’importe quel territoire du cerveau, dans la mesure ou le tissu méningé recouvre absolument toutes les structures cérébrales, y compris dans les ventricules.
les neurinomes : ce sont des tumeurs bénignes qui se développent sur un nerf, en particulier le nerf auditif. Elles sont responsables de troubles de l’audition et de l’équilibre.
les adénomes hypophysaires : ce sont des petites tumeurs qui se développent à partir de la glande endocrine du cerveau, l’hypophyse, qui joue un rôle essentiel dans le contrôle et la régulation des autres glandes endocrines de l’organisme. Normalement l’hypophyse est bien protégée dans une petite excavation osseuse, appelée la selle turcique. Tant que la tumeur reste dans les limites de la selle turcique, elle ne provoquera que des signes endocriniens. À un stade ultérieur, la tumeur peut envahir les structures avoisinantes, en particulier l’hypothalamus et les nerfs optiques. Les symptômes endocriniens des tumeurs de l’hypophyse sont différents selon le type de l’adénome. Parmi les autres tumeurs extra-cérébrales, on distingue également le craniopharyngiome, tumeur de la base du crâne fréquente chez l’enfant, et qui provoque également des troubles hypophysaires.
BON À SAVOIR
Les tumeurs cérébrales surviennent aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Elles sont plus fréquentes chez les adultes de 50 ans, mais aussi chez les très jeunes enfants, avant l’âge de dix ans, où elles représentent une cause significative de décès.
Les tumeurs intra-cérébrales
Les tumeurs intracérébrales sont les plus fréquentes et les plus dangereuses, car ce sont des tumeurs malignes, envahissantes, dont le traitement chirurgical n’est pas toujours possible. Mais, là encore, tout dépend en grande partie du siège de la tumeur et de sa taille.
les métastases cérébrales : ce sont des tumeurs cérébrales, fréquentes puisqu’elles représentent environ 25% des cancers cérébraux. Tous les cancers peuvent donner ce type de métastases, en particulier les cancers du sein, du poumon, les cancers de la peau ou encore les cancers du sang. Mais parfois les métastases cérébrales sont la première manifestation de la maladie cancéreuse, et elles sont souvent multiples.
les gliomes : sous ce terme, on recueille un grand nombre de tumeurs, qui sont les plus fréquentes des tumeurs cérébrales, et qui ont la particularité de se développer à partir du tissu de soutien de l’encéphale (la névroglie). Parmices tumeurs, on distingue :
- Le glioblastome : plus fréquent chez les hommes, il survient surtout aux alentours de la cinquantaine, et se développe à un rythme très rapide, faisant penser parfois à un accident vasculaire cérébral.
- L’astrocytome : ce sont des tumeurs d’évolution lente qui se développent à partir de cellules de la névroglie, les astrocytes, Ils peuvent survenir dans toutes les régions du cerveau, les hémisphères, le cervelet ou encore les nerfs optiques, en particulier chez les enfants.
- l’oligodendrogliome : tumeur plus rare, elle se rapproche de l’astrocytome, avec une évolution très lente
Les tumeurs extra-ventriculaires
Il s’agit d’un ensemble de tumeurs plus rares, souvent bénignes, et qui sont plus fréquentes chez l’enfant et le jeune adultes
Reconnaître la tumeur du cerveau
Selon leur siège, les tumeurs cérébrales sont à l’origine de symptômes bien différents. Néanmoins il existe un certain nombre de symptômes, qui nécessiteront de mettre en route un bilan radiologique soigneux afin de rechercher une éventuelle tumeur. Les deux grands groupes de symptômes sont l’hypertension intracrânienne et les crises d’épilepsie.
À mesure que la tumeur grossit, le cerveau est de plus en plus comprimé à l’intérieur de la boîte crânienne, provoquant :
une céphalée : le mal de tête est d’abord intermittent, survenant surtout le matin au réveil ou pendant la nuit, puis on devient permanent. En fonction du siège de la tumeur, la douleur peut être généralisée à tout le crâne, prédominer sur une moitié de la tête (il est parfois difficile de la distinguer d’une migraine) ou encore dans la région occipitale.
des vomissements : les vomissements sont un signe majeur d’hypertension intracrânienne, surtout lorsqu’ils sont associés à des céphalées. Parfois le patient ne se plaint que de vomissements, ce qui pourrais faire croire qu’il présente une maladie digestive.
des signe psychiques : lorsque la compression persiste apparaissent progressivement des signes d’apathie, d’obnubilation, de torpeur, qui témoignent de la souffrance cérébrale. Parfois les signes psychiques prédominent : troubles de l’humeur, avec en particulier des signes de dépression. Certaines tumeurs cérébrales, notamment au niveau du lobe frontal, peuvent donner des signes psychiques caractéristiques, avec des troubles de la mémoire, de l’attention, une indifférence affective et un état d’euphorie permanent. Ce type de tumeur peut donner naissance à des conduites sociales aberrantes, surtout chez des personnes qu’on ne peut pas soupçonner de manquements de conduites, tels que de se mettre a uriner ou a déféquer en public. L’apparition de tels syndromes psychologiques extravagants sont souvent le signe d’une atteinte du lobe temporal. Il faut souligner que les troubles de l’humeur sont extrêmement fréquents, mais qu’il est très rare qu’ils soient en relation avec une tumeur cérébrale. Mais cette relation explique pourquoi il est toujours nécessaire de faire un examen clinique général complet devant l’apparition d’un quelconque trouble nerveux ou psychique.
L’hypertension intra-cranienne
Le diagnostic d’hypertension intracrânienne sera confirmé rapidement par un examen simple, l’examen du fond d’oeil, qui montrera un oedème caractéristique, témoin de l’hypertension et du trouble de la circulation du liquide céphalo-rachidien. Si cet oedème persiste, il peut provoquer une baisse de l’acuité visuelle et une cécité progressive. L’hypertension intracrânienne est une urgence qui exige une hospitalisation immédiate.
La crise d’épilpesie
Un autre symptôme fréquent de tumeur cérébrale est la crise d’épilepsie. L’apparition de crises d’épilepsie chez un adulte qui n’avait jamais souffert de cette affection auparavant doit orienter tout de suite vers le diagnostic de tumeur cérébrale.
Ces symptômes imposeront la réalisation d’un grand nombre d’examens complémentaires. Les deux examens les plus utilisés sont le scanner et l’imagerie par résonance magnétique (IRM).
Traiter la tumeur du cerveau
Dans tous les cas, le diagnostic de tumeur cérébrale nécessite un traitement chirurgical, seul capable d’obtenir une éventuelle rémission.
Les chances de guérison dépendent de la localisation de la tumeur, mais aussi de son type qui influe sur la vitesse de croissance de la tumeur et sur la façon dont elle se développe en envahissant ou non les tissus locaux.
Lorsque la tumeur est à croissance lente, est possible de programmer l’opération. Mais lorsque la tumeur se manifeste au cours d’un syndrome d’urgence cérébrale, comme l’hypertension intracrânienne, il faut intervenir en urgence, afin d’éviter les complications liées aux signes d’« engagement » (le cerveau aura tendance, la tumeur se développant, à « sortir » par les trous de la base du crâne.)