Qu’est-ce que c’est ?
Deux virus, A et B, sont responsables de la grippe. Le virus A est plutôt impliqué dans les formes graves de la maladie : c’est à lui que l’on doit les grandes épidémies de grippe au travers le monde. Le virus B est celui d’affections plus bénignes rencontrées habituellement sous nos climats. Un troisième virus, le virus C ne serait, lui, responsable que d’épisodes très ponctuels et surtout peu agressifs, proche d’un simple rhume.
La grippe n’est pas, malgré les apparences, une maladie bénigne. Elle reste la cause d’un nombre important de décès en particulier chez les personnes âgées et celles dont les capacités de défense de l’organisme sont perturbées.
Des manifestations bien connues
La symptomatologie de la grippe est bien connue : après une période d’incubation courte, de un à deux jours, la grippe débute brutalement avec une fièvre qui peut atteindre les 40°, baisse transitoirement vers le 4e jour pour remonter entre le 5e et le 6e jour. La courbe de température réalise ainsi le « V grippal ».
Cette fièvre s’accompagne de douleurs musculaires et articulaires, de maux de têtes et parfois de signes généraux, comme une perte de l’appétit.
Elle peut également s’accompagner de manifestations digestives à type de diarrhées, de vomissements et de douleurs abdominales.
D’autres symptômes prennent le pas sous les signes généraux :
• Des quintes de toux douloureuses.
• Une obstruction nasale avec éternuements et écoulement.
Des complications nombreuses peuvent survenir au premier rang desquelles bronchites et pneumopathies.
Après la grippe, persiste une fatigue qui peut durer plusieurs semaines.
La grippe a un coût
L’impact socio-économique de la grippe n’est pas à négliger dans les coûts de santé : elle prend en compte à la fois les coûts médicaux directs liés aux consultations médicales, aux dépenses pharmaceutiques et aux hospitalisations dues aux complications, et les coûts indirects en rapport essentiellement à la baisse de la productivité liée aux arrêts de travail.
Le coût moyen d’un épisode grippal en France est estimé à 500 F (hors hospitalisation) pour la société : un quart de dépenses pharmaceutiques et la moitié d’indemnités journalières. C’est dire tout l’intérêt de mettre en place des mesures préventives au premier rang desquelles se trouve la vaccination.
D’où cela vient-il ?
Les virus responsables de la grippe appartiennent à la famille des orthonyxoviridae.
Ce sont trois virus A, B et C à ARN simples. Les virus grippaux ont une enveloppe dérivée de la membrane plasmique de la cellule infectée lors du bourgeonnement.
Leur surface présente des spicules glycopotéiques : l’hémagglutinine HA et la neuraminidase NA.
Il existe une nomenclature officielle des souches de virus grippaux définie en 1971. Cette nomenclature décrit :
• Le type de la souche et l’espèce animale d’origine (oiseau, cheval et porc), s’il ne s’agit pas d’une source humaine.
• Mention du lieu d’isolement, du numéro d’enregistrement, de l’année d’isolement.
• S’il s’agit d’une souche de type A de la nature de ses antigènes de surface : H pour hémagglutine, N pour nerviamidase.
On a identifié jusqu’à maintenant 15 sérotypes d’hémagglutine et 9 types de neurominidase.
La grippe de l’enfant
Chez les enfants en âge scolaire, la grippe est la première cause d’infection respiratoire avec hospitalisation.
La grippe est une infection banale qui survient par épidémies et qui touche les enfants comme les adultes.
La grippe du grand enfant et de l’adolescent est semblable à celle de l’adulte
• Fièvre élevée avec frissons.
• Maux de tête.
• Rhinorrhée (nez qui coule) toux et pharyngite avec difficulté pour avaler (dysphagie).
• Larmoiement et photophobie (difficulté à affronter la lumière).
• Douleurs musculaires et courbatures.
L’évolution est caractéristique
• Durée moyenne de la fièvre trois jours avec parfois un pic secondaire faisant parler de « V grippal ».
• Accentuation des signes respiratoires à la fin du second jour avec régressions des signes généraux.
• Absence de surinfection bactérienne.
Chez le nourrisson et le jeune enfant
Il est possible que les signes respiratoires soient plus marqués et la grippe peut engendrer des complications plus graves : bronchiolites, laryngites, convulsions fébriles, asthme, otites.
La vaccination contre la grippe
Elle est réservée aux enfants à risque, c’est-à-dire chez lesquels une telle infection peut déclencher l’aggravation d’une pathologie existante, c’est en particulier le cas des enfants qui sont :
• des antécédents d’asthme ;
• une mucoviscidose ;
• des malformations bronchiques et pulmonaires ;
• des maladies cardiaques graves ;
• un diabète ;
• une drépanocytose.
Il est clair qu’actuellement les enfants à risque ne bénéficient pas de la vaccination grippale préventive.
La vaccination contre la grippe
La vaccination contre la grippe vise à protéger contre la maladie elle-même, mais également à prévenir ses complications potentielles qui peuvent être dramatiques.
Elle est fortement recommandée et prise en charge par la sécurité sociale pour certaines catégories de population à risque élevé de complications. Ces catégories sont :
Les personnes âgées de plus de 65 ans.
Les personnes atteintes de pathologie chronique respiratoire, rénale, cardiaque, métabolique ou immunologique, quel que soit leur âge :
• Diabètes insulino-dépendants ou non insulino-dépendants.
• Accident vasculaire cérébral invalidant.
• Insuffisance respiratoire chronique grave.
• Cardiopathie congénitale mal tolérée, insuffisance cardiaque grave et atteinte valvulaire grave.
• Asthmatiques.
• Bronchitiques chroniques (fumeurs…).
• Néphropathie chronique grave insuffisance rénale.
• Myopathies.
• Mucoviscidose.
• Déficit immunitaire primitif grave nécessitant un traitement prolongé.
• Drépanocytaires ou autres hémoglobinopathies.
• Les enfants et adolescents traités au long cours par l’acide acétylsalicylique.
La vaccination s’adresse aussi aux groupes pouvant transmettre la grippe aux individus à haut risque :
• médecins, infirmières, personnel hospitalier et personnel travaillant en collectivité ;
• les prestataires de soins ambulatoires pour les sujets à risque ;
• pompiers, armée, personnel des transports publics.
Quand vacciner ?
Tous les ans en octobre-novembre. Il est important de vacciner avant l’arrivée de l’épidémie En raison des variations du virus grippal, il faut généralement modifier la formule du vaccin chaque année, il est donc nécessaire d’effectuer une nouvelle vaccination, chaque année avec un vaccin approprié.
De plus, la protection obtenue soit par la maladie, soit par le vaccin ne dépasse pas 10 à 12 mois.
Les réseaux de la grippe
Des systèmes spécifiques de surveillance ont été mis en place par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dès les années 50.
Ces programmes permettent d’identifier rapidement des souches de virus afin de détecter les nouveaux variants dans les plus brefs délais : cela permet de préparer des vaccins plus efficaces. Dans ce but, des centres nationaux possédant une expertise dans le domaine de l’isolement et de l’identification du virus furent désignés (soit par l’OMS soit par les différents gouvernements).
Ces Centres nationaux de références de la grippe (Cnrg) représentent l’ossature du système avec 118 centres répartis dans 81 pays.
Les Cnrg sont en relation continue avec trois Centres mondiaux de la grippe (CMG) situés à Londres, Atlanta et Melbourne. Ces centres vérifient l’identification des nouveaux variants et préparent les souches qui serviront à la fabrication des vaccins de l’année.
En octobre 1993, un groupe a été créé au niveau Européen : L’European scientific working group on Influenza (Eswi)
Composé de scientifiques européens spécialistes de la grippe, il a pour principaux objectifs de promouvoir la collaboration européenne sur la grippe, de stimuler et de coordonner les projets de recherche, d’élaborer des propositions pour harmoniser les politiques vaccinales contre la grippe en Europe.
L’Eswi est en relation avec l’Organisation mondiale de la santé et la commission européenne.
Les deux réseaux Français
Le premier, le RNTMT (Réseau National Télématique de surveillance et d’information sur les Maladies Transmissibles) fondé sur la détection des syndromes grippaux, permet de connaître très rapidement l’évolution d’une épidémie dans le temps et dans l’espace.
Ce réseau est composé d’environ 500 médecins sentinelles qui exercent en continu et bénévolement une surveillance de plusieurs maladies dont la grippe. Chaque cas rapporté précise la localisation géographique du malade, son âge et l’existence éventuelle d’une vaccination.
Le second réseau, le Grog (Groupes régionaux d’observation de la grippe) effectue la caractérisation biologique et sérologique des virus circulants. Il est composé de près de 400 médecins et pédiatres répartis sur l’ensemble du territoire. Sur leurs indications, les deux centres de références nationaux (l’Institut Pasteur pour la zone nord et l’Unité technique de virologie de l’agence du médicament de Lyon pour la zone sud) effectuent chacun plus de 1 000 prélèvements par an.
Quelque 500 souches sont isolées, identifiées et envoyées au World Influenza Center de Londres. Le Réseau National des Grog est lui aussi présent sur l’internet.